samedi 13 octobre 2012

Fonds de tiroirs

Le comité unitaire (de gauche, y'a pas le MCG et l'UDC dedans) contre le projet de nouvelle constitution genevoise appelle (lundi 1er octobre à 18 heures place Saint-Gervais, si ça vous dit) à un rassemblement en hommage à la constitution de 1847. Née d'une révolution, certes, mais quand même : ce qui était révolutionnaire en 1847 a largement eu le temps de devenir réactionnaire en 2012. Heureusement qu'on n'a plus que trois semaines à tenir avant le vote sur le projet de nouvelle constitution, parce que sinon, la gauche de la gauche aurait encore le temps de nous organiser une manif de soutien aux Franchises d'Adhémar Fabri ou à l'arrivée de Jules César sur le pont du Rhône...

« Six partis déclarent leur flamme à la Constitution », titre la « Tribune » d'aujourd'hui. Sur les six, les quatre partis gouvernementaux, plus le parti pirate et les Verts libéraux. Avec comme argumentation : « le projet (...) fruit d'un compromis offre un contrat social renouvelé». Déjà que « déclarer sa flamme » à un compromis, ça respire pas franchement la passion romantique... c'est pas franchement mobilisateur tout ça... quoique... en fait, ça mobilise, mais contre le projet de la Constituante, toutes les oppositions possibles et imaginables, vu qu'en ce moment, les coalitions de gouvernementaux, même garnies de quelques plumes marginales, ça suscite pas vraiment l'enthousiasme populaire... mais bon, hein, nous ce qu'on en dit, on est contre les deux constitutions, alors que ça soit l'une ou l'autre qui se gaufre, on aura gardé une bouteille de blanc au frais pour fêter cette (forcément) demi-victoire avec la Jeunesse Socialiste... et oublier le déferlement de conneries que nous promet la campagne avant le 14 octobre.

Le Manifeste pour la fermeture du centre de rétention de Frambois et l'arrêt des expulsions forcées est disponible sur www.itprojects.org/stop-dead/ Et au cas où le projet de nouvelle constitution genevoise était accepté (ce qui n'est pas l'hypothèse la plus vraisemblable) on notera que son article 18 prescrit que « nul ne peut être refoulé sur le territoire d'un Etat dans lequel il risque la torture ou tout autre traitement ou peine cruels et inhumains ou toute autre atteinte grave à son intégrité ». Sur ce point, l'actuelle constitution genevoise est d'un silence... fédéral...

La couverture du journal du Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA), illustrée d'une photo d'un poste de mitrailleuse après le massacre du 9 novembre 1932, nous sert ce titre : « 9 novembre 1932, plus jamais ça ! - NON à la nouvelle constitution qui fait appel à l'armée pour la «sécurité intérieure » (article 112)». Eh, les gars, faudra vous le rappeler combien de fois que le massacre du 9 novembre 1932, c'est la constitution actuelle, celle que vous voulez garder, qui l'a permis ? Quant à l'évocation du projet de nouvelle constitution que vous combattez (et qui me mérite en effet pas d'être soutenu, s'il ne mérite pas non plus d'être combattu), où diable est-ce que vous y avez vu qu'il « fait appel à l'armée pour la sécurité intérieure   (art. 112) ? Dans vos cauchemars ? L'article 112 autorise seulement le Conseil d'Etat à « solliciter l'appui de l'armée, d'autres services fédéraux ou d'autres cantons à des fins civiles » ... pas à tirer dans le tas de manifestants antiofacistes comme l'autorisait (et, formellement, l'autorise toujours) l'actuelle constitution...  Des arguments contre le projet de nouvelle constitution, il y en a assez, et d'assez pertinents, pour qu'on évite d'en bidouiller d'insanes. Non ? Ah bon. ben on va se servir un coup de blanc pour oublier que des copains ont décidé de prendre les gens pour des cons...

Hier matin, dans un geste résiolument jobinesque, 900 ballons multicolores ont été lâchés par les partisans du projet de nouvelle constitution sur la jetée qui mène au Jet d’eau, pour «  redonner des couleurs à notre République ». Ouais. Ben on voudrait pas médire, c'est pas notre genre, mais lâcher des ballons pour soutenir une baudruche, c'est pas un peu faire campagne avec du vent ?

Or donc, sur les douze juristes de l'Asloca, onze, dont le député socialiste Christian Dandrès, ont pris position publiquement contre le projet de nouvelle constitution genevoise, l'Asloca elle-même s'étant prononcée en faveur de la liberté de vote. Liberté dont les onze juristes ont donc fait usage (comme d'ailleurs le président d'honneur de l'organisation, Grobitou, qui appelle à voter «non», et le vice-président, Calimero Velasco, qui appelle à voter « oui », qui reproche (dans la « Tribune »  de mercredi) aux onze juristes d'appeler à voter «non», mais autorise l'abstention. Le vote blanc, on sait pas. Voilà, on a fait (provisoirement) le tour. Et dire qu'il y a des gens à gauche qui craignent que si la gauche occupait les cinq sièges du Conseil administratif de la Ville, on se retrouverait avec une Municipalité «monocolore»  alors que polychromes, on l'est à nous tout seuls et qu'on n'a même pas besoin de la droite pour ça...

On constatera que le Conseil d'Etat a pris les devants, dans la perspective de l'annonce du résultat, le 14 octobre vers midi, du vote sur la future ex-nouvelle constitution genevoise :
« Alliance contre la dépression : aide financière aux Hôpitaux universitaires de Genève
Le Conseil d’Etat a accordé une aide financière de 66'000 francs aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) dans le cadre du programme cantonal «Alliance contre la dépression».
Cette aide financière permettra au département de psychiatrie des HUG de poursuivre ses activités dans le cadre du programme cantonal de lutte contre la dépression, qui vise à favoriser la détection précoce de cette maladie, faciliter l'accès aux soins et informer la population sur cette maladie. Un site Internet dédié à la problématique viendra ainsi compléter le dispositif existant et notamment la ligne téléphonique d'écoute, de conseil et d'orientation (022 305 45 45) à destination des personnes concernées, de leur entourage ainsi que des professionnels de la santé.»

La section genevoise du Touring-Club n'est pas contente du projet de nouvelle constitution : elle lui reproche d'avoir renvoyé à la loi la disposition de la constitution actuelle qui impose d'organiser le stationnement des bagnoles « de manière à répondre aux besoins propres des divers types d'usagers». Le front du refus s'étend donc à un nouvel argument fondamental : le droit constitutionnel à parquer sa caisse.


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