jeudi 19 août 2010

Fonds de tiroir

Les conneries continuent à la Constituante : après avoir fait disparaître le droit au logement de la liste des droits sociaux fondamentaux, la droite l'a également expurgée de quelques incongruités gauchistes : le droit aux soins, le droit à l'accès aux documents officiels, l'obligation de publier règles de droit et directives... à chaque fois, le même argument est ressorti : c'est purement formel, ces droits sont garantis en général, pas besoin de les spécifier. Tu parles... La Constitution stalinienne aussi, garantissait tous les droits fondamentaux sans les « spécifier » : la liberté d'association y était garantie, mais pas le droit de chacun à former une association, ou à y adhérer. C'est d'ailleurs tout l'avantage de proclamer une liberté sans s'obliger à la respecter : on a le discours de la démocratie, sans en avoir les contraintes. Un rêve libéral, quoi. Ou un rêve stalinien, si on préfère.

Le constituant démo-chrétien Philippe Roch annonce sa démission de la Constituante, pour pouvoir poursuivre ses études philosophiques et spirituelles. Ah bon, la Constituante ne s'y prête pas ?

« Si l'Assemblée constituante ne revient pas sur les décisions inacceptables déjà prises » en matière de droits sociaux, de droits syndicaux, d'égalité, « et si elle persiste dans la même voie, la CGAS, soit l'ensemble du mouvement syndical du canton, n'aura d'autre choix que celui de refuser la nouvelle constitution et d'appeler à voter NON en 2012 », a averti la Communauté genevoise d'action syndicale, qui fustige l'attitude «irresponsable» de la droite (du PDC au MCG constituée en « majorité de blocage pour empêcher la construction d'une constitution digne du 21e siècle ». Mais ils sont bouchés, les syndicats, ou quoi ? On n'en est plus, pour la droite, à écrire la Constitution du XXIe siècle, on en est à traduire en français contemporain la Constitution de 1815. Une heureuse époque, 1815 : y'avait pas de syndicats pour emmerder les constituants avec des revendications sociales.