vendredi 6 mars 2009

Brèves

Décrivant (dans la " Tribune " du 31 juillet) le travail des membres de la Constituante genevoise, le constituant socialiste Cyril Mizrahi évoque les " cinq commissions thématiques qui travaillent d'arrache-pied (une séance de trois heures chaque semaine) ". Trois heures de séance par semaine, c'est donc travailler d'arrache-pied ? On a le pied fragile, à la Constituante... Mais on se réjouit de voir les socialistes reprendre à bras-le-corps (et d'arrache pied) la vieille revendication de la réduction de la durée du travail. Parce que si trois heures de séance par semaine, ça arrache le pied, 40 heures de travail par semaine, ça laisse quoi d'entier ?

Pour se distinguer du Grand Conseil, et aider les innombrables téléspectateurs assidus à la retransmission de ses séances, la Constituante a décidé que ses membres devaient s'exprimer en restant assis (les députés, comme les Conseillers municipaux de la Ville, s'exprimant debout). Le changement est en marche. Mais en restant assis, ce qui n'est pas la posture la plus commode. Quant à ceux qui cultivent de vieilles nostalgies jacobines et sont persuadés qu'un citoyen est un homme debout, et une citoyenne une femme debout, qu'ils aillent voir ailleurs si le souffle de la réforme y est. Et qu'ils se consolent : les Constituant-e-s parleront assis, c'est tout de même mieux que parler couché. Encore que vu l'âge moyen des Constituants en début de mandat, et vu le confort des sièges de la salle de l'Hôtel-de-Ville, dans trois ans, on ne sait pas dans quelle posture ils nous voteront le texte final de leur mirifique projet.

Sur son blog, le Constituant Boris Calame explique au citoyen avide d'information ce " que font les Constituant-e-s depuis leur élection ". Et ça donne ça : 6000 heures de travail, 9 séances du bureau provisoire, 20 séances du Bureau, 11 séances de la Commission du règlement, 1 séance d'installation, 3 séances plénières, une journée de travail " remue-méninges " et " près de 60 réunions " des commissions thématiques, plus de nombreuses séances de travail, de groupes de travail et de sous-commissions. Mais toujours pas de site internet, et il faudra attendre le 22 septembre (c'est une bonne date, c'est le premier jour de l'année dans le calendrier républicain) pour avoir la première proposition à se mettre sous la dent. Il aura donc fallu presque une année pour qu'on ait quelque chose de constituant, à défaut d'être consistant, sous la dent. On rappellera donc utilement aux constituant-e-s qu'ils n'ont que quatre ans pour nous pondre une constitution. Pour en remplacer une qui a été pondue en quelques semaines. Quel est l'imbécile qui a le premier osé dire que l'histoire s'accélérait ?

La majorité des membres de la commission des finances du Grand Conseil a refusé d'accorder une " rallonge " budgétaire à la Constituante, qui réclamait 1,2 million de plus (dont 500'000 francs d'investissements) que ce qui leur avait déjà été accordé. Motif : selon le libéral Pierre Weiss, la Constituante formule des demandes " extravagantes "… Bon, d'accord, on pourrait admettre que les constituants genevois dussent se contenter d'un-e seul-e président-e, et d'ordinateurs communs, surtout quand on se souvient que les plus grandes constitions de l'histoire ont été écrites à la plume d'oie et à la lueur des bougies... et en quelques mois, voire quelques semaines…

La Constituante a adopté son budget (qui doit encore être adopté, aussi, par le Grand Conseil). Elle demande 800'000 de plus que prévu pour son budget de fonctionnement, Soit un budget de fonctionnement de 4,6 millions. Pour faire quoi ? on sait pas trop. Le gros du budget, ce sont les jetons de présence des constituants. On note au passage des frais de repas de 25'000 francs pour des séances plénières qui se tiennent entre 14 heures et 19 heures. Disons que ce sont des frais de goûter. Il a vachement augmenté, le Cenovis.

La proposition du constituant socialiste David Lachat d'instaurer, dans le calendrier de travail de la Constituante deux " temps morts " (l'expression est de la " Julie ") dédiés à la consultation publique, a été renvoyée à l'examen du Bureau de la Constituante. On s'inquiète: alors comme ça, dans une démocratie, la consultation publique, ça serait un " temps mort " ? A moin s que, vu l'âge de bon nombre de constituante, l'évocation d'un temps mort ne soit apparue que comme une prémonition ?

Selon le blog de la " Tribune " , les organes de l'Assemblée constituante genevoise seront au nombre de huit ou neuf. Cinq commissions de 17 membres, un Bureau de 11 membres, pas moins, une commission de rédaction de 5 membres et, semble-t-il, une Commission du règlement et de possibles vérificateurs aux comptes. Comme au Grand Conseil. L'imagination au pouvoir, quoi...

Le bureau provisoire de la Constituante genevoise voulait lui faire prêter serment au Bâtiment des Forces Motrices. Mais ça coûte 18'000 balles, et c'est un peu cher en temps de crise pour une prestation de serment superfétatoire. " Plus nous ferons simple, mieux ça vaudra ", a commenté le libéral, mais simple, Jacques Simon Eggly. En effet. Reste que quand la Constituante aura fini de tourner en rond à la recherche du lieu de son serment et de celui de ses travaux, elle pourra peut-être commencer à faire ce pourquoi elle a été élue (et que les grandes Constituantes de l'histoire des Constitutions ont réussi à faire en quelques semaines) : pondre une Constitution.

Dans une invitation lancée aux candidates et candidats non élu-e-s à la Constituante, à se porter candidat-e-s au Grand Conseil cet automne, le président du PSG, René Longet résume ainsi la campagne électorale pour la Constituante : " la bataille fut rude, la campagne animée "...
C'est marrant, nous, on avait plutôt eu l'impression d'une indifférence populaire générale accompagnée d'une lourde mollesse de la campagne...

Près de quatre mois après son élection, la Constituante a adopté son règlement et élu une co-présidence formée de quatre personnes : un libéral (l'ancien de l' " armée secrète " (et illégale) P-26, Jacques-Simon Eggly, une socialiste (la seule femme élue sur la liste PS, Christiane Perregaux), un radical (Thomas Büchi) et une verte, Marguerite Comtat-Hickel. Les groupes dont sont issus ces quatre personnes représentent la moitié de la Constituante. C'est pas très représentatif, mais comme la Constituante elle-même n'a été élue que par un tiers d'un corps électoral ne représentant que la moitié de la population, les critères de représentativité sont bien les derniers à s'y imposer.