mercredi 26 novembre 2008

Brèves

17,5 % de femmes à la Constituante, une seule élue socialiste, aucune élue de SolidaritéS ou des associations :
Le verdict des burnes

14 femmes, pas une de plus, ont été élues à la Constituante. Et cinq jeunes de moins de trente ans, pas un-e de plus. Une Constituante à plus de 80 % masculine, composée pour près de la moitié par des sexagénaires et des septuagénaires. L'âge moyen des futurs auteurs du projet de " Constitution genevoise pour le XXIe siècle " est de 56 ans. Pendant la campagne électorale, on nous avait jusqu'à plus soif asséné cette vérité première : on écrit une Constitution pour les générations futures. Version raccourcie : on écrit la Constitution de nos enfants. En fait, ça sera plutôt la Constitution des petits enfants ou des arrière-petits enfants de Constituants dont la majorité sera à la retraite (ou morts) quand la Constitution entrera en vigueur. Pour le renouvellement du personnel politique, c'est raté. Pour celui de la Constitution, on attend de voir.

Le Männerchor de Genf
Quatre des onze listes représentées à la Constituante, dont la liste associative et celle de SolidaritéS, ne comptent aucune élue (et la liste socialistes " pluraliste "n'en compte qu'une seule). La moyenne d'âge des élu-e-s elle est de plus de cinquante ans pour toutes les listes sauf celle des Verts, de plus de soixante ans pour celles de l'AVIVO et de SolidaritéS. Dans un communiqué, le PS exprime sa " grande déception " à propos de la " portion congrue réservée aux femmes ". Il a raison, le PS. D'autant qu'aimant se présenter comme à l'avant-garde du combat pour l'égalité des droits, il se retrouve dans la Constituante avec l'un des groupes faisant aux femmes la portion la plus " congrue ". Mais aussi, vu le grand nombre de candidates placées en tête des " viennent ensuite ", dans la meilleure position pour corriger cette situation lamentable et faire entrer quelques jeunes écrevisses dans ce panier de vieux crabes : il suffirait d'en faire renoncer trois ou quatre à leur élection. Et comme on ne fera ni au PS, ni à SolidaritéS, ni aux associations, l'injure du moindre soupçon d'hypocrisie, on attend avec une impatience non dénuée de scepticisme cette belle manifestation de cohérence et on félicite d'avance les vieux mâles dominants qui renonceront au bénéfice de la loi salique. Moins naïvement, on misera sur la mauvaise conscience de gauche pour espérer une éruption de féminisme compensatoire, et on attend donc ces propositions que le PS promet, pour forcer le Männerchor de Genf à devenir un chœur mixte. Il s'agit donc d'intégrer dans le projet de constitution des règles contraignant les institutions et les partis politiques à respecter concrètement l'égalité des droits, en changeant totalement de comportement pré-électoral. Mais on n'est pas vraiment sûrs qu'ils y soient prêts, ni qu'ils y aient intérêt.Le Männerchor de Genf
Quatre des onze listes représentées à la Constituante, dont la liste associative et celle de SolidaritéS, ne comptent aucune élue (et la liste socialistes " pluraliste "n'en compte qu'une seule). La moyenne d'âge des élu-e-s elle est de plus de cinquante ans pour toutes les listes sauf celle des Verts, de plus de soixante ans pour celles de l'AVIVO et de SolidaritéS. Dans un communiqué, le PS exprime sa " grande déception " à propos de la " portion congrue réservée aux femmes ". Il a raison, le PS. D'autant qu'aimant se présenter comme à l'avant-garde du combat pour l'égalité des droits, il se retrouve dans la Constituante avec l'un des groupes faisant aux femmes la portion la plus " congrue ". Mais aussi, vu le grand nombre de candidates placées en tête des " viennent ensuite ", dans la meilleure position pour corriger cette situation lamentable et faire entrer quelques jeunes écrevisses dans ce panier de vieux crabes : il suffirait d'en faire renoncer trois ou quatre à leur élection. Et comme on ne fera ni au PS, ni à SolidaritéS, ni aux associations, l'injure du moindre soupçon d'hypocrisie, on attend avec une impatience non dénuée de scepticisme cette belle manifestation de cohérence et on félicite d'avance les vieux mâles dominants qui renonceront au bénéfice de la loi salique. Moins naïvement, on misera sur la mauvaise conscience de gauche pour espérer une éruption de féminisme compensatoire, et on attend donc ces propositions que le PS promet, pour forcer le Männerchor de Genf à devenir un chœur mixte. Il s'agit donc d'intégrer dans le projet de constitution des règles contraignant les institutions et les partis politiques à respecter concrètement l'égalité des droits, en changeant totalement de comportement pré-électoral. Mais on n'est pas vraiment sûrs qu'ils y soient prêts, ni qu'ils y aient intérêt.

dimanche 23 novembre 2008

Brèves

Deux candidates et quatre candidats à la Constituante* avaient fait preuve d'une belle inconscience électorale en adhérant (librement) au Club des Montagnards Sentinelles de la liberté, séants à Genève, club créé en 1794 à Genève pour faire la révolution, et ayant contribué d'ailleurs à la faire, et recréé 214 ans plus tard (sur www.facebook.com) pour contribuer autant que faire se peut à empêcher la Constituante de dormir. Deux candidates et quatre candidats, et combien d'élues et d'élus ? un seul. Mais méritant. Bien fait pour les autres. Zavaient qu'à réfléchir avant de se coller un bonnet phrygien (seyant, mais pas discret ) sur la tête. On n'a pas idée quand on se proclame Montagnards de vouloir siéger dans un Marais.
* On les dénonce : Pascal Holenweg, Grégoire Carasso, Cyril Mizrahi, Martine Sumi-Viret (liste N° 7), Sébastien Bertrand (liste N° 4), Magali Orsini (Liste N° 18)

Evoquant la proposition d'instituer à Genève un Gouverneur, proposition lancée à l'époque par Guy Olivier Segond (qui s'y voyait déjà), reprise par Bernard Ziegler (qui s'y voit peut être aussi) mais combattue par Christian Grobet (qui n'en a pas besoin vu qu'il s'est déjà proclamé Gouverneur), la "Tribune" du 14 octobre écrit qu'il s'agirait d'une "véritable révolution culturelle, non seulement à Genève mais aussi en Suisse". Révolution ? Au sens astronomique du terme alors, parce qu'au sens politique, ça serait plutôt une contre-révolution : le restruration des baillis...

Se penchant sur le sort que fera la Constituante à la culture, la " Tribune de Genève " écrit qu'une " majorité de candidats " juge " absurde " la gestion de la " quasi totalité de la culture régionale " par le seule municipalité de Genève, et ressent comme une " incongruité " le statut municipal du Grand Théâtre. C'est une bonne nouvelle, mais on s'explique alors mal pourquoi depuis des années les socialistes et SolidaritéS se retrouvent à peu près seuls contre tous les autres pour défendre ce même point de vue…

Utile rappel historique dans la "Feuille d'Avis Officielle" distribués "tous ménages" pour l'élection de la Constituante : A son entrée en vigueur en 1847, après avoir été acceptée par 5547 votants contre 3187, la constitution (qui remplaçait une constitution adoptée seulement cinq ans auparavant) contenait 158 articles. 160 ans plus tard, elle compte 182 articles, et a été amendée 120 fois. On n'est donc pas dans l'"inflation" constitutionnelle dénoncée par certains partisans de la révision globale de la Charte de la République. On est seulement dans une évolution normale : 24 articles supplémentaires et 120 amendements en 160 ans, pas de quoi grimper aux rideaux.

Grande nouvelle : les radicaux ont un projet de nouvelle constitution. Bon, ils ne sont pas les seuls (tout le monde a le sien sous le coude, nous compris), mais ils sont les seuls à croire que ça intéresse les autres. Et à en faire un argument de campagne électorale. Donc, les radicaux ont " dévoilé " à un " Temps " particulièrement complaisant les 147 articles de leur constitution. Et y'a quoi, dedans ? Bof, c'est les radicaux, fallait pas s'attendre à de la nouveauté bouleversifiante. On a donc le " bouclier fiscal " pour hauts revenus et grosses fortune (la " Tribune de Genève " l'annonce juste au-dessus d'un " pavé " publicitaire proclamant que les radicaux veulent " l'ouverture pour une solidarité active avec les plus démunis "...), quelques bidouillages sur les communes, le Grand Conseil et les droits politiques, et quelques gadgets (genre gouverneur -pourquoi pas le retour du duc de Savoie ?). Mais on n'a pas le droit de vote et d'éligibilité des étrangers au plan cantonal (" le peuple n'est pas prêt ", commente courageusement l'un des rédacteurs du texte), on n'a pas non plus la région (" un enjeu secondaire ", estime le même visionnaire)... ça valait plus d'une demie-page dans " Le Temps " ? Faut croire. Mais au nom de la défense des espèces politiques en voie de disparition ou au nom de la contribution imaginative au débat ?

lundi 17 novembre 2008

A propos du contrôle démocratique

Poser la démocratie, c'est-à-dire les droits individuels et collectifs qui la fondent, comme la trame d'un projet politique (ce qui suppose d'ailleurs que l'on reconnaisse que ce projet n'est pas -encore- réalisé), c'est se poser la question des institutions politiques capables de garantir ces droits et ces libertés. Fondée sur le contrat (et non sur l'adhésion), sur la dissociation de l'Etat et de la Nation, et enfin sur une forme républicaine de définition des institutions et de leur légitimité, la revendication démocratique est une revendication de capacité de con trôle constant des institutions politiques par les citoyens, en même temps qu'un droit non moins constant de se soustraire à leurs décisions, voire de les combattre. Cette capacité de contrôle, ce droit à l'opposition, imposent des limites à ces institutions : il n'y a pas de contrôle démocratique possible, du moins au sens où nous l'entendons ici (où l'on ne saurait se satisfaire d'un processus de délégation de la souveraineté populaire), sur des institutions centralisées au niveau d'un Etat dès lors que les dimensions territoriales e/o démographiques de cet Etat excèdent les possibilités données aux citoyens d'exercer un contrôle direct sur lui et sur ce qui en relève. Ce contrôle est une condition de la souveraineté démocratique : si les citoyens ne peuvent pas déterminer, du plus haut au plus bas niveau de l'édifice politique, les actes, les conduites et les fonctionnements des institutions politiques, la démocratie n'est plus qu'un processus formel de désignation d'une chefferie, processus auquel les citoyens participeront de moins en moins -ou de moins en moins librement- au point que le terme inéluctable de ce processus est la désignation de la chefferie par les chefs et des chefs par eux-mêmes.

mardi 11 novembre 2008

Vive la Constituante ! Bolivienne….

Un véritable processus démocratique, accouchant d'une véritable réforme constitutionnelle, c'est possible...

Le 10 août dernier, les deux tiers des Boliviens ont confirmé, lors d'un référendum demander pour le révoquer, le président Evo Morales dans ses fonctions. Sitôt cette campagne référendaire terminée, une autre s'est ouverte : pour l'approbation d'une nouvelle Constitution, porteuse de changements fondamentaux : contrôle démocratique des ressources naturelles (la terre, le gaz, le pétrole), égalité des droits et donc émancipation des Indiens (60 % de la population) et des pauvres… Ces changements, la vieille oligarchie " blanche " de Bolivie n'en veut pas. Elle mène depuis l'élection d'Evo Morales une campagne violente et raciste, avec l'appui des Etats Unis et de 90 % des media du pays. Face à cette mobilisation " à la chilienne " (modèle 1973) de toutes les forces réactionnaires de Bolivie, les mouvements sociaux qui soutiennent le président Morales ont eux-mêmes besoin d'un soutien international. C'est à ce soutien que nous appelle le SOLIFONDS.

" Que pouvons-nous attendre d'un sale Indio ? "

Le " sale Indio " de cette élégante interpellation, c'est le président bolivien, Evo Morales, ainsi présenté par le comité des femmes de droite de Santa Cruz, lorsque Morales a annoncé la 28 août que le projet de nouvelle Constitution du pays sera soumis au vote populaire le 7 décembre. Il y a des processus de révision constitutionnelle qui aboutissent réellement à des projets de " réforme radicale " : c'est le cas du projet proposé par la Constituante bolivienne, et soutenu par les mouvements sociaux regroupés au sein du MAS à l'initiative des syndicats. Mais ces mouvements manquent de moyens, face à une opposition de droite qui détient la quasi totalité des media du pays, contrôle les provinces les plus riches, entretient des bandes armées et bénéficie du soutien actif des Etats-Unis. Pour la campagne référendaire sur le projet de nouvelle constitution, le syndicat des petits paysans, le CSCB, veut former 15'000 militants chargés d'expliquer l'enjeu du scrutin et le contenu du texte soumis au vote, et de mobiliser la " Bolivie d'en-bas ", la Bolivienne paysanne, indienne et pauvre qui a élu Morales.

Soutenez la collecte de fonds destinée par le SOLIFONDS au syndicat des Colonizadores :

SOLIFONDS
mail@solifonds.ch
www.solifonds.ch
Compte de chèques postaux 80-7761-7

lundi 10 novembre 2008

Brèves

" Je formule le vœu que les élus du 19 octobre écriront bel et bien une Constitution pour nos enfants ", confie Pierre-François Unger dans le journal du PDC de septembre.
Voui. Une zoulie constitution pour les chtis nenfants, avec des zimages à colorier. Et on fera les réunions de la Constituante dans les crèches. Areuh.

" Nous avons mis sur pied une liste apolitique ", explique la secrétaire générale du Centre de liaison des associations féminines (CLAF), qui présente une liste à la Constituante. Il faudra quand même qu'elle nous explique aussi comment une liste électorale, pour l'élection (politique, par définition) d'une assemblée constituante (politique, par fonction) qui va rédiger le plus politique des textes juridiques, peut être une liste " apolitique ".

L'édito du bulletin d'information du Parti du Travail, " l'Encre rouge ", de septembre, proclame en titre que la liste du PdT pour la Constituante est " une liste d'union ". Une de plus. C'est fou ce qu'il y a comme listes d'union à gauche. Y'a même que ça, des listes d'union. Toutes concurrentes les unes des autres, mais toutes vachement unitaires. Tellement unitaires qu'à la gauche de la gauche, elles vont se bouffer unitairement les électeurs : la liste de l'AVIVO va cannibaliser la liste du PdT et des communistes, qui va grignoter la liste de SolidaritéS. Avec en arrière-fond trois listes associatives de gauche (celle de la Maison des Associations,. celle des Femmes, celle d' " expression citoyennes") qui vont elles aussi se cannibaliser les unes les autres, et ensemble cannibaliser les listes des organisations. Avec un peu de pot, on se retrouvera comme lors de l'élection du Grand Conseil de 2005, avec 15 % de l'électorat dispersé sur suffisamment de listes pour qu'aucune n'atteigne le quorum. Comme dirait l'autre, trop de listes d'union tue l'union.

Mercredi soir, lors d'un débat organisé par GHI entre représentants des dix-huit listes présentées à l'élection de la Constituante, un représentant de la liste patronale s'est lancé dans une diatribe contre les partis politiques, qui auraient selon lui dû s'abstenir de présenter des listes à l'élection pour laisser place aux pures et virginales listes dites de " la société civile ", à laquelle les partis politiques seraient donc ontologiquement étrangers. On rappellera donc à l'auguste représentant d'une liste patronale (sur laquelle figure un ancien président du parti libéral, soit dit en passant) que les partis politiques sont constitutifs de la démocratie depuis deux siècles, et que vouloir les exclure d'une assemblée politique, constituante ou non,relève d'un projet politique bien précis : le corporatisme. Qui a eu son heure de triste gloire dans le sillage du fascisme, et dont le modèle, l'Idealtype, se trouve avoir été le Portugal de Salazar. Et le Portugal corporatiste de Salazar, c'est un demi-siècle de sous-développement durable, de marasme social et de guerres coloniales foireuses.

" La Constituante prêtera-t-elle serment à la cathédrale ? ", s'interroge gravement la " Gazette de la Constituante " de la " Tribune " (http://constitution.blog.tdg.ch). Ben non, la Constituante ne prêtera pas serment à la cathédrale. D'abord parce qu'elle n'aura sans doute même pas à prêter serment (sur quoi le ferait-elle ? Sur la Constitution qu'elle doit changer ?) Ensuite parce que ça fait bientôt 500 ans qu'il n'y a plus de cathédrale à Genève. Vu qu'une cathédrale est l'église du siège d'un évêché (le siège sur lequel l'Evêque pose ses fesses s'appelle d'ailleurs une cathèdre), que Genève n'est plus le siège d'un évêché depuis la Réforme, et que Saint-Pierre n'est plus une cathédrale mais un temple. Et un problème fondamental de réglé, un ! La semaine prochaine, une autre question fondamentale : Est-ce qu'on pourra fumer à la Constituante ?

" L'Evènement Syndical " (l'hebdomadaire d'UNIA pour la Romandie) a demandé au PS de lui communiquer les noms des candidates et candidats socialistes membres, et plus si entente, d'un syndicat, histoire de les signaler aux masses laborieuses afin qu'elles les soutiennent. Le PS a donc communiqué les noms (nombreux) de ses candidates et candidats membres d'un syndicat. Et " L'Evènement syndical " a fait son tri : seuls les noms d'une candidate et d'un candidat seront signalés. Parce qu'eux, ils sont d'UNIA. Les autres, membres d'un autre syndicat ? Zexistent pas. Comme disait le camarade George Marchais, " l'Union est un combat ". Et comme disait le Vieux de la Montagne : " Nous, sectaires ? Pas plus que les sectaires d'à côté... ". Mais pas moins non plus. Le " Chacun pour soi " libéral, c'est devenu un précepte syndical ?