mercredi 19 mars 2008

La restauration de la Restauration

Un grand projet pour la nouvelle Constitution genevoise :
La restauration de la Restauration


Revenus au pouvoir dans les fourgons des armées de la Sainte-Alliance, les représentants de l'Ancien Régime genevois n'eurent rien de plus pressé, en 1814, que d'abolir la commune de Genève, instaurée par le régime français. Il faudra, un peu plus de trente ans plus tard, une révolution (radicale et démocratique) pour rétablir à Genève la première des institutions de toute démocratie, la République étant née ici de la Commune. Mais 160 ans plus tard, il se trouve toujours quelques visionnaires pour considérer que rien n'est plus urgent, plus audacieux, plus moderne en 2008 que d'en revenir à 1815…

Pérenne foutaise
Il fallait s'y attendre -ça revient tous les trois mois, ça fait son petit tour de piste, ça repart jusqu'à la prochaine fois : l'abolition de la commune de Genève, l'administration directe de la Ville par le canton. Et donc l'abolition des droits démocratiques municipaux (les seuls dont disposent les étrangers, le tiers de ceux dont disposent les indigènes) pour 40 % de la population. Dernière resucée en date de cette biséculaire foutaise : les déclarations du constitutionnaliste Andreas Auer dans la " Julie " d'hier. On saluera tout de même l'effort moderniste d'Auer : pour en revenir à la situation genevoise de 1815, il s'appuie sur l'exemple bâlois de 1833. On a progressé de vingt ans. Mais quel " exemple bâlois ", d'ailleurs ? A Bâle, pour complaire aux récriminations de la " campagne ", on a coupé en 1833 le canton en deux et transformé la Ville en demi-canton, jouissant aujourd'hui de toutes les prérogatives d'un canton. On attend donc avec une gourmande impatience que quelque constituant propose le même exercice à Genève pour complaire aux récrimination de la droite résidentielle ou de la gauche technocratique.