mercredi 19 septembre 2012

Contrairement à l'AVIVO, l'Asloca n'appellera pas à voter contre le projet de nouvelle constitution. Et contrairement au PS, elle n'appellera pas non plus à voter pour : en fait, elle n'appellera à rien du tout, et elle laisse princièrement à ses membres une « liberté de vote » dont ils disposent de toute façon. L'organisation de défense des locataires a examiné le projet sous l'angle de leurs droits, de la politique du logement et des droits démocratiques, et n'y a rien trouvé qui soit une régression qui justifierait un appel à voter « non », et rien qui soit un progrès suffisant pour justifier un appel à voter « oui ». Ben alors, en ce cas, pourquoi ne pas faire comme nous et appeler à voter blanc ?

Près de 80 prises de position (pour le « oui » , le « non » ou le vote «blanc» -mais là, y'en à qu'une, celle de la JS, seule contre tous, c'est bô) ont été déposées en prévision du vote du 14 octobre sur le projet de nouvelle constitution cantonale genevoise. Comme il y aura en gros 2000 espaces réservés à l'affichage de campagne, si chaque groupe qui a déposé une prise de position pond une affiche, on se retrouvera avec une douzaine d'affiches par groupe non représenté au parlement ou à la Constituante, disséminées dans tout le canton (va falloir faire fonctionner la boîte à idées pour qu'on les remarque, ces affiches). Le Conseil d'Etat avait initialement, et bêtement, décidé d'appliquer les dispositions de la loi sur l'exercice des droits politiques concernant les processus parlementaires ordinaires, alors que le processus constituant est exceptionnel. Du coup, les six partis représentés au parlement (quatre sont pour le « oui » au projet de la Constituante, deux sont pour le «non») auraient monopolisé la majorité des emplacements d'affichage, ne laissant aux plus de 70 autres prises de position que l'autre moitié. Mais heureusement, l'AVIVO veillait (les vieux, c'est insomniaque) : elle a contesté la décision du Conseil d'Etat, et a à moitié gagné. Si les groupes de la Constituante, dont la moitié ne sont pas représentés au parlement cantonal, n'ont pas obtenu d'être traités avec faveur, groupes parlementaires et groupes constituants seront traités sur pied d'égalité (c'est-à-dire également privilégiés face aux autres groupements) dans la répartition des espaces d'affichage. Reste plus qu'à savoir si on les dédoublera ou non, c'est-à-dire si les socialistes (par exemple)  auront ou non droit à deux fois plus d'emplacements que l'AVIVO (par exemple) puisqu'ils ont un groupe au Grand Conseil et à la Constituante alors que l'AVIVO n'en a qu'un à la Constituante... Bon, ben voilà, mais si les uns et les autres croient que tout ça va tirer plus de citoyennes et de citoyens aux urnes, on va pas, nous, les désillusionner, déjà que la pré-campagne sur le projet de constitution ressemble à une cacophonie entre « oui » euphoriques et « non »  tétanisés... « Votez blanc», on vous dit !

Ce qu'il y a de bien, dans le débat sur le projet de nouvelle constitution genevoise, c'est la hauteur que prennent ses protagonistes pour dominer le sujet et inciter les citoyennes et yens à aller voter : on est tout de suite au coeur battant du sujet, sur les enjeux fondamentaux : le nombre d'affiches auquel les groupements ont droit pour clamer leur mot d'ordre. Le Conseil d'Etat a décidé d'en accorder 135 aux partis représentés au Grand Conseil, et 135 également aux groupes de la Constituante. Résultat : les partis représentés dans les deux instances auront (auraient) 270 emplacements. Ce qui fâche un parti (solidaritéS) et un groupe (l'AVIVO) représentés seulement à la Constituante (les autres groupes dans le même cas n'y voient pas d'inconvénient majeur), qui réclament donc pour eux une égalité de traitement (vers le haut ou le bas, on sait pas) avec les partis parlementaires. Passionnant, non ? Et les autres groupements qui ont pris position mais qui ne disposent ni d'un groupe parlementaire, ni d'un groupe constituant, ils ont droit à quoi ? Ben, aux miettes : Quinze affiches par groupe. Et encore, c'est parce qu'on est bien bon avec ces loqueteux, faudrait quand même pas pousser le pluralisme trop loin...

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