Le 18 juin, le PS et les Verts se sont prononcés sur le projet de
nouvelle constitution genevoise, issu des travaux de l'Assemblée
Constituante -un prononcement qui vaut mot d'ordre pour le vote
d'octobre prochain. Les socialistes appellent, par 32 voix contre
18, à soutenir ce projet, les Verts le soutiennent également, à une
majorité moindre (45 voix contre 11), les deux groupes au sein de la
Constituante l'ayant préalablement accepté. Mais le jeudi
précédent, la Communauté genevoise d'action syndicale (une Genferei
dont nous pouvons être heureux, puisqu'il s'agit d'un regroupement
de tous les syndicats du canton, à une temporaire bouderie du SSP
près) a quant à elle appelé, à l'unanimité de son assemblée des
délégués, au refus du projet de nouvelle constitution, pour
sanctionner la méthode de la droite consistant à imposer un rapport
de force pour pondre un avant-projet inacceptable pour la gauche,
mais aussi pour dénoncer les manques du texte, notamment l'abandon
du droit d'éligibilité des étrangers et la restriction du droit de
grève. SolidaritéS et l'AVIVO appelant également à refuser le projet
que soutiennent socialistes et verts, le débat à gauche va être plus
chaud que le texte tiède dont il est l'enjeu...
« Les socialistes tiendront cependant un certain nombre de points
comme suffisamment fondamentaux...»
A l'Assemblée générale socialiste, on n'avait le choix qu'entre deux
mots d'ordre pour le vote sur le projet de nouvelle constitution
genevoise : le « oui » et le « non ». On a voté « non ». Et on
appellera ici à voter blanc. Logique ? D'une certaine manière (la
nôtre) et d'une certaine logique (la nôtre), les seules à vrai dire qui nous importent, en tout cas. Car sur
quoi peut se fonder le choix d'un mot d'ordre sur un projet de
nouvelle constitution, opposé au texte de la constitution en vigueur
? D'abord, sur une comparaison entre ces deux textes, l'actuel et le
projeté; ensuite, sur une comparaison entre le projet issu de la
Constituante et ce que nous en attendions. De la première
comparaison, celle entre la vieille constitution genevoise et celle
qu'on propose pour la remplacer, et de la question « le projet
est-il meilleur que le texte en vigueur », la réponse sera normande
: oui, et non. Oui, sur la forme. Et non, ou plutôt : pas
suffisamment, sur le fond. Il contient des avancées, mais aussi au
moins trois reculs : le nombre de signatures exigibles pour faire
aboutir un référendum «normal» et une initiative va augmenter (alors
que nous proposions de le réduire), la durée d'une législature passe
de quatre à cinq ans, ce qui réduit forcément le contrôle populaire
sur la composition du parlement et du gouvernement, et on nous
inflige une chefferie quinquennale de gouvernement (une présidence
du Conseil d'Etat) parfaitement superfétatoire (sauf, évidemment,
pour qui l'exercera).
On ne part pas de zéro, et on n'y aboutira pas si le projet de la
Constituante devait être refusé : on maintiendrait simplement la
constitution actuelle en son rôle et son état, et en celui des
garanties qu'elle donne, ou ne donne pas, aux droits qu'elle
proclame. En fait,. on ne risque pas plus à dire « non » au projet
de nouvelle constitution qu'à lui dire « oui »... Et on ne trahit pas
plus nos « fondamentaux » en acceptant le projet qu'en le refusant.
Mais en appelant, comme nous le faisons, à voter « blanc » à ce
texte, on dit deux choses : d'abord, qu'il n'est pas l'abomination
néolibérale de la désolation fascisante en quoi une partie de la
gauche joue à le voir. Ensuite, qu'il est fort loin d'être ce que
nous en attendions. Et que dès lors, il nous importe finalement
assez peu qu'il soit ou non accepté, puisque dans l'un ou l'autre
cas il faudra multiplier les initiatives pour y mettre, ou mettre
dans l'actuelle constitution, ce qui y manque et que nous proposions
dans notre « feuille de route » de 2008 (élection de la
Constituante...) qui avertissait que « les socialistes tiendront un
certain nombre de points comme suffisamment fondamentaux pour que
leur respect conditionne leur approbation du texte final ». D'entre
ces points, sans doute: le développement des droits justiciables,
l'éligibilité municipale (et cantonale) des étrangers, la motion
populaire, le référendum des communes et des villes, le taux
d'imposition communale unique, la parité des genres sur les listes
électorales, la limitation des mandats électifs et l'interdiction de
leur cumul. Or aucun de ces points n'est contenu dans le projet de
nouvelle constitution... la conclusion devrait s'imposer d'elle-même
: le compte n'y est pas -et de loin.
Voter « blanc », ce n'est pas s'abstenir. C'est dire que ce texte ne
nous révulse ni ne nous convient. Qu'il ne mérite ni l'exécration
que lui vouent les uns, ni l'enthousiasme dont font mine les autres.
Et surtout qu'il n'est nullement, ni à la hauteur des enjeux d'une
constitution pour Genève en 2012, ni, et encore moins, à la hauteur
de nos attentes.Disons qu'il est à la hauteur de la dépense consentie pour qu'il ait été pondu : 15 millions, en trois ans. L'équivalent, mais en trois ans, d'une subvention municipale annuelle au Grand Théâtre -mais pour une production finale plus proche du "Postillon de Longjumeau" que d'un grand Wagner...
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1 commentaire:
J'ai déjà signifié à mon cher ami Pascal mon désaccord avec son idée de vote blanc. Celui se justifierait en effet par l'indifférence légitime qu'il voue aux deux textes. Mais c'est qu'il fait abstraction de la sanction méritée des négociateurs de son parti pour avoir laissé, en dépit de leur vote minoritaire mais en refusant de mettre les pieds contre le mur du fait qu'une concession leur était faite en matière de finances communales, se perpétuer un statu quo inadmissible alors qu'un chouïa de fermeté bien pensée aurait permis notamment de faire cesser un ostracisme scandaleux en matière d'éligibilité touchant 26% du corps électoral. Or voter blanc, c'est finalement accepter le verdict résultant, qui s'il est positif exonérerait les coupables. Sanction il faut, c'est NON.
Dario CIPRUT
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