mercredi 6 octobre 2010

La Constituante propose des « districts communaux » : Et une connerie de plus, une !

La Constituante genevoise a adopté une proposition socialiste de bricoler la structure territoriale du canton en créant des « districts communaux ». La proposition a fait consensus, ce qui ne saurait étonner, s'agissant d'un gadget technocratique qui viderait les communes de toute substance politique au profit d'un échelon « supérieur » dont la pertinence est pour le moins douteuse. Mais ce genre de propositions convient parfaitement au genre de Constituante dont Genève s'est affublée, et à laquelle ne pouvait que plaire la lubie socialiste de créer quatre ou huit districts regroupant les communes en les vidant de toute légitimité démocratique et en les transformant en relais serviles de l'Etat vers la population -une population qui ne pourrait plus élire ni conseils municipaux (supprimés), ni maire, adjoints et conseillers administratifs (nommés d'en haut par les districts). « Les acteurs institutionnels seraient alors plus homogènes », croit pouvoir écrire le groupe socialiste à la Constituante, tout fier d'être à l'origine de cette sombre connerie. Plus homogènes, sans aucun doute : tous bien gentils, bien équarris, bien dressés, bien rangés, avec des communes dont plus aucune autorité ne serait élue et des « districts » ne convenant qu'au confort du canton. Un paysage institutionnel symétrique, sans rien qui dépasse ou qui dérange. Un rêve de technocrate, un cauchemar de démocrate. S'il nous manquait une raison pour, le moment venu, faire campagne contre le projet de nouvelle constitution genevoise, les constituants socialistes viennent de nous en donner une.

Fausse Commune

Il faudrait se convaincre de cesser de dire du mal de la Constituante genevoise. Après tout, la part de leurs jetons de présence que nos constituants rapportent à nos partis nous est fort utile, et cette noble assemblée permet à des forces politiques qui se sont auto-exclues du Grand Conseil d'exister, visiblement, ailleurs qu'au Conseil municipal de la Ville. Et à part cela ? Bof... Même les socialistes, à la recherche de quelque occasion de donner quelque semblant d'utilité à ce cénacle, ou de s'y donner eux-même quelque rôle, fût-ce celui d'idiots utiles, se mettent à y faire, et les faire soutenir par la droite, des propositions qu'on n'arrivera à qualifier qu'après avoir hésité longuement entre deux adjectifs : « idiotes » ou « nuisibles ». Les deux n'étant d'ailleurs pas incompatibles. Ainsi de la proposition, qui n'avait rien pour déplaire à la droite puisqu'elle l'a approuvée en plénière, de créer des « districts communaux », galurins technocratiques chapeautant des communes-croupions réduites à ne plus être que des mandements, privées de conseils municipaux et administrées d'en haut par un exécutif nommé par le « district » pour appliquer ses décisions. Qu'est-ce que cette vaudoiserie tout droit sortie du XIXe siècle apporterait à la réalité de la démocratie locale à Genève ? Rien. On se demande d'ailleurs pourquoi, dans la foulée de sa chasse au gadget institutionnel, la Constituante ne nous a pas proposé, tant qu'à faire, des préfets pour les districts et des sous-préfets pour les communes. Ou des baillis pour des baillages et des sénéchaux pour des mandements. Quant à la Ville de Genève, qu'on abolirait en tant que commune pour en faire un district, on savait que sa suppression était un vieux rêve de la droite genevoise, inconsolable depuis 1847 de la résurrection, par la révolution radicale d'une municipalité qu'elle, la droite, avait abolie en 1815 après être revenue au pouvoir dans les fourgons des armées de la Saint-Alliance. Ce vieux rêve de la droite (repris d'ailleurs par un constituant démissionnaire, le sire de Planta) s'accomode parfaitement du « district de la Ville de Genève » et de ses ersatz de communes de quartier, tel que proposé par des socialistes très contents du succès de leur proposition, et y voyant même « un premier signal d'un dialogue possible entre diverses forces politiques en vue de présenter à la population un projet innovant », alors que, vu la composition et le parcours de la constituante, ils devraient plutôt s'inquiéter du succès qu'y a rencontré leur daube. Le mouvement socialiste est entré dans l'histoire en criant « Vive la Commune ! », les constituants socialistes genevois en sortent en bêtifiant « vive les districts... » en choeur avec la droite et l'extrême-droite à six mois des élections municipales.

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