vendredi 1 octobre 2010

droit dans le mur ?

L'Assemblée constituante genevoise a présenté à la mi-septembre le résultats de ses phosphorescences sur le statut des communes. Avec comme proposition majoritaire, un « statu quo amélioré », c'est-à-dire une nouvelle répartition des tâches entre le canton et les communes, et la reprise par le canton (ou une usine à gaz modèle « organisme de droit public ») de la gestion des « institutions et des infrastructures d'importance cantonale et régionale ou à caractère unique ». On dit bien « la gestion », et pas le financement. C'est le principe « je commande, tu paies» ? Quelques propositions minoritaires de réformes plus ou moins pertinentes ont également été avancées : les socialistes proposent de créer des « districts communaux » chapeautant plusieurs communes et dotés d'une assemblée délibérative et d'un organe exécutif, les communes n'étant plus dotées que d'un exécutif (exeunt les conseils municipaux, donc) et disparaissant de facto en tant qu'espace politique démocratique. Quant à la Ville de Genève, elle deviendrait un district découpé en plusieurs quartiers, comme si, avec ses 190'000 habitants (ce qui n'équivaut qu'à un seul arrondissement parisien, ou trois arrondissements lyonnais ou marseillais) on pouvait sans ridicule la considérer comme une mégapole. Radicaux et libéraux qui, au départ, voulaient carrément supprimer la commune de Genève, ou la tronçonner en communes de quartier bien moins gênantes que la commune actuelle, semblent en avoir rabattu de leurs nostalgies d'Ancien Régime, à l'exception d'un libéral, le sire de Planta, qui maintient une proposition de découper la Ville en six ou 10 communes de quartier. Histoire sans doute d'assurer à Champel et à la Vieille ville des maires libéraux. Un peu plus tard, la majorité de la Constituante a balayé la plupart des propositions novatrices concernant la Région franco-valdo-genevoise (création d'une véritable assemblée interrégionale élue, développement et soutien du dialogue avec les élu-e-s régionaux, postes d'observateurs au Grand Conseil), création d'un ombudsman pour la Région. Bref, sur ces sujet comme sur la quasi totalité de ceux qu'elle a abordé jusqu'à présent, la Constituante poursuit hardiment (mais dans une indifférence à peu près générale) sur la voie qu'elle s'est tracée, entre une ornière réactionnaire et une rigole technocratique, et tout droit vers une belle claque finale en vote populaire. Pour le groupe socialiste à la Constituante, « Blocages systématiques face aux innovations et remise en cause d’acquis populaires, la droite doit comprendre qu’une telle stratégie conduira malheureusement mais inévitablement à un échec du projet. Il est grand temps de changer de direction ! ». De changer de direction, ou plutôt d'abréger la plaisanterie constituante en accélérant la vitesse de sa course dans le mur du vote populaire ?

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