jeudi 30 octobre 2008

Brèves

Les libéraux (et associés) ont présenté à la presse une liste de 50 candidates et candidats pour la Constituante, et leur idée de Constitution : une Constitution " courte, légère et aérienne ". Courte, sûrement, avec le moins de droits sociaux possibles, et surtout pas de droits justiciables. Mais surtout " légère et aérienne ". Comme un fantôme de fonds de placement après le passage d'une crise financière libérale. " L'Etat doit être présent seulement là où on a besoin de lui ", précise le président libéral, Michel Halpérin. Comme l'Etat américain, présent lorsqu'il s'agit de balancer 700 milliards dans le trou du système financier américain.

A déambuler devant les panneaux d'affichage électoraux portant les placards des listes concourant à l'élection de la Constituante, on ne peut qu'être frappé (au coin du bon sens) par la récurrence de la référence " à nos enfants " : un bon tiers des listes (à moins qu'on en ait oubliées) font campagne " pour l'avenir de nos enfants " (les Verts y ajoutant bibliquement les quarante générations suivantes). Mais pour l'avenir de qui d'autre pourrait-on faire campagne ? celui de nos grands parents décédés ?

Dans GHI (du 17 septembre), on apprend qu'entre la liste la plus riche et la liste la plus pauvre, les budgets de campagne pour la Constituante se situent dans un rapport de trente contre un : 200'000 balles pour la liste patronale, 5000 balles pour la liste féministe. Utiliser ses droits démocratiques, c'est pas à la portée de tout le monde, ce qui est déjà un problème. Et ce qui en est un autre, c'est que de petits malins voulaient se faire du pognon sur le dos des potentiels constituante, en les invitant à un " Forum de la Constituante " auquel on ne pouvrait accéder qu'en payant 4000 balles. Si c'est une manière de proposer à la Constituante la rétablissement du suffrage censitaire, faudrait le dire clairement.

L'AVIVO, qui présente une liste à la Constituante, lance aussi un appel, d'ailleurs intéressant, à la Constituante à laquelle elle se présente -un appel " pour le maintien et le renforcement des prestations sociales ", qui demande à la Constituante d'insérer dans la constitution un article garantissant les droits sociaux des habitants de la République (on peut obtenir l'appel à l'AVIVO, CP 155, 1211 Genève 8). Mais bon : lancer un appel à une instance dans laquelle on veut entrer, ça témoigne pas d'un très grand optimisme sur ses chances d'y entrer.

Pour l'heure (mais le concours continue, et on ne désespère pas de trouver encore pire), la palme de la proposition constitutionnelle la plus stupide peut être décernée à celle d'instituer à Genève, République de 500'000 habitants, un système bicaméral, avec en plus du Grand Conseil un Sénat dans lequel chaque commune disposerait d'une voix, au prétexte de faire " perdre à la Ville de Genève sa pesante majorité ". Quelle " pesante majorité " ? La Ville est minoritaire partout (du Grand Conseil à l'Association des communes genevoises), et n'est déjà nulle part représentée conformément à son importance réelle…

La Constituante genevoise aura quatre ans pour pondre un projet (et un seul) de nouvelle Constitution. Putain, quatre ans... quand on pense que les plus grandes constitutions de l'histoire (l'Américaine de 1776, les françaises de la Révolution), et même de l'histoire locale (la genevoise de 1847, la Suisse de 1848...) ont été rédigées en quelques semaines, quelques mois tout au plus, on se demande pourquoi il faudrait quatre ans au début du XXIe siècle grégorien pour faire ce qu'on faisait dix fois plus vite il y a deux siècles. Le temps de laisser tiédir les projets ? de noyer les poissons ? de consensualiser les idées ? de lasser les imaginations ? de ramollir les textes ?

L'édito du bulletin d'information du Parti du Travail, " L'Encre rouge ", de septembre, exprime l'ambition de la " liste d'union " du PdT et des Communistes de " porter haut et fort les revendications légitimes de tous les laissés pour compte de la Genève des banquiers et des multinationales ". Si avec ça la liste n'obtient pas à elle seule la majorité absolue à la Constituante, c'est que Cerrutti a encore bourré les urnes (non, y'a pas de contrepèterie). Et le PdT d'ajouter que " notre liste est la seule à présenter des ouvriers, des candidats issus du peuple plutôt que des juristes et des représentants de l'élite économique ". C'est ça, voui. Sur les autres listes, y compris les listes associatives et les listes de gauche, y'a que des " juristes et des représentants de l'élite économique ". On est bien contents : on aura peut-être pas une Constitution de gauche, mais grâce au PdT, on a déjà tous grimpé dans la hiérarchie sociale.

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